Lamuse

Dr NEST par  la Familie Flöz

Chapeau très bas pour la Familie Flöz : cette compagnie allemande porte d’une façon magistrale l’art de faire passer l'émotion, le drame et la fantaisie sans paroles. Ici, le langage est au corps savamment orchestré par une mise en scène habitée d'humanité. La famille est constituée de 4 hommes et d’une femme qui mettent l'ambiance dès l'arrivée dans la salle de spectacle par leur fantaisie contagieuse.  

Au début, le spectateur peut être déconcerté par ces acteurs qui avancent masqués dans un silence absolu ! ils n'ont que la gestuelle de leur corps pour incarner leur personnage.  Vont-ils réussir à nous intéresser ? Or le défi est génialement relevé : chacun est si parfaitement incarné qu'ils semble parler!

L HISTOIRE

Les années 30,40,50 en Allemagne ou ailleurs.

Le Dr Nest, psychiatre quitte sa ville, abandonnant sa femme, pour prendre ses nouvelles fonctions à la clinique « La Villa Blanca ». La folie dans cet endroit clôt, semble avoir été contagieuse: l'allure dégingandée du psychiatre,  l’infimière, véritable adjudant en chef ainsi que le reste du personnel médical semblent bien atteints. Ils exécutent un véritable ballet d'actions programmées et tournent en rond en mimant des actes absurdes qui ne rassurent qu'eux.

On assiste à l'arrivée des phénomènes un par un: des personnages que la folie rend totalement  extravagant et inaccessible. Chaque malade selon son symptôme exécute avec son corps un véritable numéro de cirque pour incarner ainsi sa résistance aux soins et à l'autorité.

Face au personnel et aux malades, le Dr Nest ne soigne pas comme "c’est l’habitude" : loin de leur imposer un traitement classique, il préfère la méthode douce,  l’écoute et l’empathie ce qui l'entraine dans des situations rocambolesque sous le regard affolé de l’adjudante infirmière. La frontière entre réalité et fantasmagorie se brouille peu à peu et fait basculer toutes ses certitudes. Qui est-il vraiment ?Pourquoi est-il là?

POURQUOI VENIR ? 

De nombreux moments d’anthologie dans ce spectacle : le patineur fou,  les tentatives de consultations dites classiques avec les malades, les concerts improvisés et immaîtrisables.. qui ne sont pas sans rappeler Charlie Chaplin. Sur la scène, les acteurs glissent, patinent, virevoltent, cabriolent et jamais ils ne marchent.

Nos yeux restent subjugués par les masques magnifiques d'expression qui semblent directement tirés d'un tableau d'Ensor. A chaque nouvelle scène,  nous sommes fascinés par le mystère qui se cache derrière leur immobilité.  Mais très vite, les masques vont comme par magie s'animer d'humanité, d'humour ou d'angoisse

La scénographie :  un véritable ballet de parois qui glissent comme par enchantement  et accentuent au gré des passages l'impression d'envoûtement ou d'enfermement.

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