Lamuse

L’Opéra Comique ressuscite la version originale de Faust de Gounod. Cette relecture, portée par le chef Louis Langrée et le metteur en scène Denis Podalydès, révèle une œuvre plus théâtrale, restituant des airs oubliés et des dialogues rarement entendus, au plus près de l’intention première du compositeur.

Dès l’ouverture, le spectacle capte l’attention : lumières magnifiées, scénographie fluide avec changements de décor à vue, et une direction d’acteurs précise. La distribution, elle, brille sans fausse note. Marguerite, bouleversante de candeur, enchante avec le fameux air des bijoux ; Faust, vieillissant savant désabusé, vend son âme non par ambition, mais pour comprendre enfin ce qu’il n’a jamais vécu : l’amour. Siebel, figure d’innocence, aime sans retour. Méphisto, délicieusement cynique, gagne en épaisseur grâce à ses deux acolytes, véritables ombres dansantes. Et Wagner, jeune homme fougueux, incarne la vitalité que Faust convoite et qui le mènera à sa perte.

Le retour au texte parlé, teinté d’un humour à la Feydeau, apporte une légèreté inattendue, tandis que la partition, elle, témoigne et illustre la morale impérieuse du 19e siècle et son intransigeance.

Au cœur du spectacle, les thèmes éternels du mythe : le tiraillement entre désir et salut, la quête de jeunesse, la possibilité d'une rédemption. « Aller au mal avec un cœur pur, être pur en désirant le mal » : Faust incarne toutes les contradictions de l’âme humaine , entre faiblesse, culpabilité et aspiration à l’absolu.

Un moment rare, profond et captivant. À ne pas manquer. !

3h55, entracte compris
Réservation

Charles Gounod
Direction musicale, Louis Langrée
Mise en scène, Denis Podalydès